lundi 26 juillet 2010

Cinéma. Analyse #1

Je tenais à attendre avant d'écrire ce que je vais écrire.

Après ma brève critique sur le film Inception et celle sur Shutter Island, je voulais approfondir sur le sujet du cinéma en général. Sur son évolution. Sur son statut actuel. Sur son futur.

Mais je tenais à attendre les chiffres.

Ces chiffres du box-office qui confirment que Inception sera rentable, malgré un budget faramineux pour du cinéma d'auteur.
Je soulignais il y a moins d'un mois la difficulté du cinéaste à réaliser son art, en toute liberté, pour des raisons inhérentes au medium d'expression artistique qu'est le cinéma.

Le septième art est celui qui est le plus dépendant du facteur démocratique. Lorsque vous choisissez de payer pour un billet de cinéma ou pour un DVD, vous votez. Vous décidez de la direction future que prendra le cinéma. Des micro-ajustements, peut-être, mais qui ont le pouvoir de changer la donne à jamais. Des gens analysent vos votes et prennent des décisions sur ce que le public voudra voir.

Je pense que Christopher Nolan a amorcé le travail avec Batman Begins, puis avec Dark Knight et finalement ici avec Inception, sans le filet de sécurité d'un personnage de BD ni de la mort hyper médiatisée d'un jeune acteur.

Dark Knight est un film de superhéros intelligent qui a, à mon avis, été aux limites de l'environnement BD. Le monde de Batman ralentissait clairement le potentiel de l'ensemble.

Avec Inception, le champs était libre.

Les gens ont votés et votent encore: OUI.

Oui à quoi ? Oui aux films psychologiques. Oui à devoir réfléchir un peu plus. Oui au divertissement qui n'arrive pas tout cuit dans la bouche...

J'ai eu peur, bien honnêtement, en observant le succès monstre de Avatar. J'ai eu peur que les gens soient plus aveuglés devant le contenant que jamais auparavant. J'ai eu peur que la folle course aux effets spéciaux ne cesse jamais, au détriment du contenu. J'ai eu peur de devoir me taper tous les films à venir avec des putains de lunettes 3D...

Mais non.

Inception n'avait aucunement besoin de 3D. Pas même d'écran IMAX. Ni d'ailleurs des 10 ou 15 minutes de scènes d'action que je juge superficielles...

Ce qui m'amène à parler du format série télé.

C'est un terme qui m'agace, ''série télé''. Ça me semble péjoratif et réducteur.

À mon sens, une grande partie des séries télé (à ne pas confondre avec les Sitcom) fait partie à part entière du Cinéma. Rien ne nous permet d'exclure une série télé de la ''famille Cinéma'' pour des raisons de plate-forme de diffusion et de ''hachurage temporel''. Et non seulement c'est bel et bien du cinéma, mais nous assistons peut-être à un des changements les plus importants de l'évolution du 7ième art.
Je mentionnais plus haut la dépendance à l'acceptation du public, le côté fortement démocratique lié à la production cinématographique; un film DOIT générer des revenus parce que c'est la forme d'art la plus dispendieuse au monde: autant à produire qu'à diffuser. Ce qui place cette forme d'expression dans une situation de survie absolue que n'a pas à affronter les artistes peintre, les musiciens, les écrivains, etc...

Bref, l'aspect business doit impérativement être considéré. Internet a complètement changé la façon de voir et faire les choses et continuera en ce sens. Le piratage est une réalité, la mode du cinéma-maison aussi et la compétitivité dans le secteur divertissement en général est également quelque chose d'indéniable.

Je suis content.

Je suis content que le goulot d'étranglement ne soit pas l'acceptation du public. Je suis content de voir que les gens peuvent voter ''oui'' pour un film bien fait, intelligent, de qualité et qui est divertissant. Je suis également heureux de voir que le talent des scénaristes, acteurs et réalisateurs n'est pas disparu, qu'il a peut-être simplement dérivé vers le format série télé...
Je pense que les gens se rendent tranquillement compte de l'impossibilité absolue de compresser, en 120 petites minutes, 1500 minutes d'évolution dramatique, de personnages, de trame narrative, d'atmosphère.
Les limitations sont également très présentes au niveau spectateur; qui fini par complètement saturer après un visionnement continu de plus de 2 ou 3 heures, mais qui semble avoir une capacité infinie à suivre une très longue histoire déployée par étapes, sur des centaines d'heures...
Le cinéma conventionnel apprend et s'adapte, d'ailleurs. Comme en fait foi la recrudescence des ''sequels'', ''prequels'' et ''spin-offs''...

Je suis content d'avoir eu la confirmation au visionnement de Inception que le format ''long-métrage'' est possiblement arrivé à ses limites techniques, après plus d'un siècle de bons et loyaux services.

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